Je suis partie de l’idée que nos sociétés industrialisées nous submergeaient d’objets, de choses.
Bien sûr en tant qu’être humain, nous avons besoin d’outils.
C’est une des choses qui pourrait nous différencier du règne animal .
Mais tout de même, cet amoncellement d’objet que nous devons supporter jour après jour,
charrier avec nous dans nos déménagements, sont-ils si indispensable ?
Bien sûr la production automatisée a facilité la possession de nombreuses choses,
mais sont-elles absolument nécessaire à notre survie ?
Cette armée de choses indifférenciées, envahissant notre espace mental, mais sans capacité à l’alimenter.
Si l’on se place aux origines de la fabrication d’objet, la lenteur et la difficulté de production
limite le nombre d’objets disponibles en un temps t.
Chaque objet est fabriqué dans un but précis, pour une personne particulière.
On peut penser que le « fabricant » modèle son produit en pensant à la personne à qui il est destiné.
Que donc, dans une certaine mesure, il lui « insuffle » une part de sa vision.
Cet objet unique trouvera sa place chez son possesseur parce qu’il n’en a pas d’autre à sa disposition.
Certaines théories asiatiques admettent cet « insufflement d’âme » à un objet.
Si cet objet est unique, que son possesseur est connu, alors, s’il change de main,
il acquiert une histoire : « cet objet a appartenu à untel qui l’a passé à telle occasion à tel autre ».
Il est un support de lien.
Certaines sociétés océaniennes, ont institué en fait social ce passage d’objet de personne à personne.
Ces objets ont d’ailleurs fonction de « monnaie » .
Mis à l’aune de notre société occidentale, cette théorie m’a inspiré ce projet de circulation d’objets :
Construire une communauté d’échange à partir de liens virtuels (la blogosphère) fondée
sur la notion bien matérielle d’objets expédiés dans le monde entier.
Une communauté dont l’unique fonction est de faire circuler et échanger des objets, en tant que vecteurs d’histoires.
Les objets ont besoin de la communauté pour devenir « plus » qu’une simple chose,
la communauté a besoin de la circulation des objets pour se définir et exister.
Est-ce que cela est possible ?
Est-ce de nature à combler notre besoin si humain de se sentir relié aux autres ?
Est-ce que l’on peut construire une légende, une histoire à partir du voyage d’un objet ?
C’est la circulation qui fait l’intérêt de l’expérience, pas la thésaurisation.
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