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moemoeA remix

Sur les artistes, la critique, l'art et le marché du même nom

Ce billet pour apporter quelques idées en réponse au post d'Akynou sur la biennale de Lyon. Et établir un état de ce que j'ai appris, ressens par rapport à ma pratique.
Tout d'abord Akynou, merci d'avoir pris le temps de nous raconter les œuvres qui t'ont fait vibrer !
Je ne suis pas sure d'arriver à faire le déplacement dans les temps -fin de la biennale : 6 janvier - donc c'est inestimable ce regard-là.

Ce qui m'a poussée à essayer d'écrire sur le sujet c'est, je cite :

D’apprendre que les conservateurs lui ont donné le prix de la Biennale m’emplit d’un doute sournois : ont-ils voulu s’amuser et ce choix est-il une preuve de leur humour et de leur autodérision ? Ou se foutent-ils vraiment de notre gueule ? A moins que, tout simplement, ils soient tous faits d’une essence différente que nous ne pouvons pas comprendre. Peut-être sont-il des « Islanders » ?

Cela pose le problème du rôle de la biennale, à quoi lunettes rouges répond très bien.
Du rôle des commissaires, qui évolue de plus en plus vers une posture revendiquant leurs propres visions au détriment des artistes qu'ils présentent. Jérémy liron nous le dit assez clairement -lire à partir de :

Les inrocks prévenaient : « l’art contemporain s’avère aujourd’hui aussi insaisissable que le monde dans lequel il s’expose » et cette biennale, tout comme la Dokumenta de Kassel, semble nous plonger un peu plus dans l’illisibilité de l’extrême contemporain.

Et du rôle du marché de l'art dans la production aujourd'hui, qui à mon sens devient quelque peu tributaire d'un "circuit de distribution" au détriment de sa finalité profonde.

Ce qui m'amène à la difficulté de porter un jugement de valeur sur la qualité d'un travail contemporain.
Et à faire mienne le très comprenable agacement des artistes face à des critiques se réclamant de leur seule bonne foi pour choisir ou rejeter des œuvres complexes et enchâssées dans notre monde actuel. Voir l'article d'André Rouillé. D'autant plus incertain que les courants artistiques n'existent plus, dilués dans chaque pratique individuelle :

Chaque artiste aujourd’hui incarne un mouvement, une tendance propre. Il n’y a plus de « -ismes », seulement des individualités, qui chacune constitue la mosaïque de formes et de sens qui font l’art contemporain.

Dixit Magali Lesauvage dans "C’est quoi, l’art contemporain ? Petite Histoire de l'art contemporain".

Le malaise est manifeste. Et prend forme dans une pétition adressée au ministère public : "l'art c'est la vie".
Le magazine art absolument la relaye en publiant des interviews d'artistes, collectionneurs, galeristes, sociologue, etc... Quelques citations :
Miguel Chevalier / artiste:

Dès lors qu’il y a une autorité, il y a des artistes courtisans qui forment cet art que l’on peut qualifier d’officiel. Je ne remets pas en cause la qualité de ces artistes “officiels français” dont certains sont de bons artistes, mais le problème vient du manque de renouvellement à la fois du choix de ces artistes et des fonctionnaires qui en décident.

Marin Karmitz / collectionneur :

Je pense que nous avons eu et que nous avons en France des artistes absolument majeurs. Au moment où le marché américain a évincé la France du marché international, c’est-à-dire à la fin des années 50, c’était un des moments les plus grandioses de l’histoire de la culture en France.

Jean-Michel Meurice / artiste:

Le système mis en place en 1981 a fini par créer une caste d’experts inamovibles. La très grande compétence des uns est incontestable. Leur expertise s’accompagne de fortes convictions et d’un profond engagement. Mais le plus grand nombre fait carrière.

Ernest Pignon-Ernest / artiste :

Sans que rien dans leur parcours, leur expérience ne le justifient, des fonctionnaires décident de ce qu’est, de ce que doit être l’art d’aujourd’hui. Fonctionnaires parés de tout le confort et les sécurités que cela assure… Il leur faut paraître audacieux et subversifs ! Ce désir, conjugué à la naïve et narcissique obsession de n’avoir rien loupé, en fait des gogos prêts à avaler les plus indigentes transgressions et (en se promouvant), les promouvoir. On mesurera combien, conformisme en creux, ce fonctionnement est symétrique et, dans le fond, héritier de la bourgeoisie du XIXe siècle, refusant toute innovation. On a les Bouguereau que l’on mérite.

Gilles Fuchs / président de l'ADIAF:

Une majorité des conservateurs est formée aux mêmes sources, ce qui engendre une certaine conformité de pensée. Il n’en est pas ainsi dans les pays anglo-saxons où les conservateurs, commissaires d’exposition, etc., sont choisis dans le monde de l’art parmi les critiques, écrivains, professeurs ou artistes, facilitant ainsi une grande diversité d’expression.

Que la longueur de ce billet ne vous rebute pas. Chaque lien renvoie vers une page entière qui vaut la peine d'être lue !
Vous en avez pour plusieurs soirées de lecture ...

De la paranoïa et de l'art contemporain

cette mini-expo était l'occasion pour moi de confronter mon point de vue sur le projet avec celui des profs de l'école.
La forme même de cette expérience pose la question du format de l'oeuvre : on ne peut en être spectateur,
soit on est dedans (participant) soit on est dehors.
Ce qui implique que celui qui veut avoir l'expérience d'un des oseRàléc doit participer.

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Quelques questions pertinentes (?)

Au fur et à mesure que je développais ce projet, en parlais aux professeurs autour de moi, j'ai pu mettre en ordre quelques reflexions sur ma démarche.

  1. Le format de l'oeuvre. Ce n'est pas un bien marchand, un objet commercialisable
  2. Participation (oeuvre participative) : il n'y a pas de spectateur possible.
    On est soit dedans (participant) soit dehors (=rien)
  3. internet est un monde parallèle, mais un monde bien réel.
    que je qualifierais d'équivalent à la machine à café, mais où la dimension du temps serait verticale.
    Chacun peut se rencontrer sans que le temps soit un facteur décisif : la rencontre a lieu dans un espace-temps propre à internet.
    je laisse un comm, tu me rencontres via ce comm., dans ton propre espace de temps.
  4. l'oeuvre est l'action, la participation, le mouvement.
    les conditions d'exécution(à lieu) dépendent des conditions mise en place par internet.
    Impossible de pouvoir situer cette expérience à un autre moment (pas réalisable)
  5. la question de la valeur accordée à l'objet qu'on échange.
    Et qu'on détermine en retour la valeur de l'objet en sens inverse.
    cette valeur dest éterminée par les participants. Pas innocent (possibilité donné dans le principe d'échanger n'importe quoi)
    Si un grand nombre fabrique des objets, c'est la valeur du temps et de la créativité considérée du point de vue du participant.

De l'amitié et des oseRàlécs

Le cercle moemoeA se ranime, le prochain tour d'échange débutera mercredi prochain.
(Ouioui, le 3 novembre a fait une glissade jusqu'au 9 !)
Je ne sais pas ce que vous en pensez, j'ai trouvé le tour précédent enthousiaste,
plein de nouvelles histoires et d'amitié, de chaleureuses rencontres.
Merci à vous toutes et tous de faire vivre le cercle moemoeA, de m'entrainer
dans cette expérience toujours nouvelle, cela me donne envie de me dépasser
pour faire des oseRàléc encore plus oniriques ...

Tout cela m'a convaincue de l'intérêt de faire passer quelquechose de vous dans les objets en circulation.

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Mon credo

Pour répondre à Servane et Scmileblick, à propos des objets d'échange.
J'avais discuté avec Servane de l'idée d'utiliser certains des objets échangés (qui me parviennent)
pour faire de nouveaux oseRàléc.
Cela va tout à fait dans le sens du projet qui est de produire de l'histoire par le biais de la circulation d'objets.
Cela vaut aussi pour le sens de circulation inverse : les objets qui servent d'échange aux oseRàlèc entre participants.
Je m'explique : si par exemple Servane reçoit un objet en échange d'un oseRàléc,
elle peut parfaitement transformer cet objet pour l'utiliser dans un nouvel échange d'oseRàléc.
Cela rajoute un autre épisode à la légende construite autour du projet.

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